Procès fictif de Phèdre
Le procès de Phèdre... en 2025, par les élèves de Seconde 10, en croisant le Français et l'EMC.
Une femme empoisonnée...
Une autre noyée...
Un jeune homme démembré...
Ce bilan aux allures de fait divers scabreux, est en réalité le dénouement d'une pièce de théâtre, jouée pour la première fois au XVIIème siècle, et étudiée jusqu'en 2025 dans les salles de classe françaises.
En effet, la tragédie Phèdre de Racine se termine sur un bilan terrible, dont les responsabilités posent question... Phèdre, l'héroïne principale, blâmable d'un amour interdit mais victime d'une malédiction de Vénus, est-elle coupable, innocente, ou "ni tout à fait coupable, ni tout à fait innocente", comme l'écrit le dramaturge ? Et Oenone, nourrice et confidente de Phèdre, qui a menti pour protéger sa fille de cœur, est-elle irréprochable, complice, ou plus coupable encore ? Quant à Thésée, roi implacable, mari et père trahi mais aussi oppressant, a-t-il lui aussi sa part de responsabilité dans cet horrible dénouement, ou est-il victime des deux autres ?
C'est à ces questions complexes et nuancées que les 32 élèves de 2nde10 du lycée Guillaume Fichet ont répondu, lundi 2 juin 2025, par le moyen d'un procès fictif mené en salle polyvalente.
Quatre heures durant, et devant un public nombreux, ils ont endossé les costumes de juges, procureurs, huissiers, avocats, accusés, parties civiles et témoins, afin de jouer ce procès fictif avec sincérité.
Il faut dire que l'audience avait été minutieusement préparée : après avoir travaillé pendant plusieurs semaines sur ce projet interdisciplinaire, sur le texte en cours de Français et sur le fonctionnement de la justice en cours d'EMC, puis être allés au Tribunal de Bonneville pour observer de vraies audiences, ce jeu de rôle final leur a permis de s'interroger sur le fonctionnement du système judiciaire, sur l'art de la parole, sur l’évolution des valeurs entre l’Antiquité grecque des personnages, le XVIIè siècle de Racine, et notre époque actuelle... Et surtout sur la beauté de la littérature qui, même lorsqu'elle raconte des choses terribles, offre la possibilité de catharsis à ses lecteurs.
Nous les félicitons pour leur grande implication dans ce projet et pour cette audience fictive de réelle qualité !
En pièces-jointes, quelques croquis d'audience réalisés par Grâce, qui incarnait le rôle de dessinatrice de presse.